Simeoni rapporte dans l’Illustratione de gli epitaffi et medaglie antiche (Lyon, Jean de Tournes, 1558, p. 137–138) que son ami François Laurencin, prieur de Saint-Irénée et amateur d’antiquités, lui montra, en plus de sa collection, l’autel de Julius Martianus qui servait de support à un bénitier dans l’église Saint-Irénée. Cette antiquité – conservée au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye et datée de la fin du IIe siècle ap. J.-C. – nous permet d’apprécier sa méthode : Simeoni respecte la teneur du texte épigraphique sans en conserver l’exacte disposition. Quant au relief, qui représente en réalité un personnage féminin, il en fait un homme barbu, bien moins élancé que l’original, que Simeoni prend pour un prêtre de Minerve à cause du rameau de feuillage qu’il tient dans la main gauche. Il complète cette figure en lui faisant tenir un volumen dans la main droite, il restitue aussi le pied droit manquant et anime la composition en « ravivant » la flamme de l’autel et en conférant à sa figure de prêtre un mouvement inconnu de son modèle de pierre. Le commentaire qui précède la gravure, très probablement tirée d’un de ses dessins, témoigne des difficultés de lecture que Simeoni a rencontrées face à cette relique recouverte par le calcaire de l’eau du bénitier. Un dessin du Florentin, au folio 68r de L’Origine et le antichità di Lione, reproduit la gravure de l’ouvrage de 1558. Simeoni essuya les critiques de ses adversaires qui lui reprochèrent son relevé épigraphique lacunaire, mais pas le travestissement du personnage. Simeoni s’accorda un droit de réponse, en 1559, dans son Apologia generale où, face à ces attaques, il blâma, sans les nommer explicitement, ses collègues antiquaires lyonnais qui n’avaient pas pris soin d’illustrer leur patrie alors que cette charge leur revenait naturellement.